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L'origine et la déclaration mistérieuse

des Francs-Maçons,

1743

(Traduction française de Masonry dissected de Samuel Pritchard, 1730)

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L'Origine des Francs-Maçons

 

L'in†titution originelle de la société des Francs-Maçons, e†t fondée sur les Arts & les Sciences principalement sur la Géométrie.

Il e†t constant que l'art d'Architecture & la belle †cience d'édifier, a pris †on commencement en l'élévation de cet étonnant & mon†trueux batiment de la Tour de Babilone. C'e†t d'où le celebre mathématicien Euclide a tiré †es leçons, le†quelles †e †ont communiquées à Hiram chef des ouvriers employés à la con†truction du temple de Salomon.

Mannon grec de nation, a pui†é dans cette source & après s'être rendu celebre en †a profe††ion, s'étant perfectionné dans les Mathématiques, il a en†eigné l'architecture à Charle Martel qui fut ensuite Roi de France. C'e†t le Roi d'Angleterre Ethel†tone qui fut le premier en ce Royaume in†truit de l'Architecture & qui fit tant de cas de Mathématiques, qu'il ordona une a††emblée annuelle à Yorck pour y recevoir les nouveaux Maçons avec beaucoup de ceremonies, ce qui †e pratiqua de la maniere †uivante.

Un des anciens tenant le livre, sur lequel les nouveaux Maçons mettoient la main pendant que le maitre fai†oit la lecture des †tatuts, en conformité de†quels ils s'obligoient d'être fideles à leurs Confreres sans exception, & †ecourables dans les occurrences †elon l'exigence des cas : d'ailleurs, cet engagement les †oûmettoit de procurer de l'ouvrage aux ouvriers & de les recompen†er.

Dans cet †iécles reculez, la †ociété des Maçons ne con†i†toit qu'en Architectes & Mathématiciens, & leur reception effective exigoit un examen circon†pect. Cette exactitude par rapport aux Sciences e†t changée de nos jours en ignorance ; en récompen†e les noms de Franc-Maçon & de Maçon accepté, n'ont été connus que depuis peu de tems.

Avant l'établi††ement des Chambres des Sociétés réglées il n'y avoit pas des rapport ordonnés, à faire, comme il †e pratique à l'heure qu'il e†t, de trois en trois mois, cette coûtume ayant été introduite depui† l'an 1691.

C'e†t en cette année 1691. que la Société s'e†t formée de toutes les e†peces de conditions, la Noble††e & les gens de Qualité, les Ducs & les Comtes, n'ont pas dedaigné de s'a††ocier, des Juri†con†ultes, des Marchands, de† Boutiquiers, fai†ant entrer dans cet Ordre ju†qu'au peuple, des Arti†ans, même des Chartiers, admettant tous à ce my†tere †ans exclu†ion de per†onne, en les di†tingant en trois cla††es, on n'oublioit d'y reçevoir des Medecins pour avoir †oin de la †anté des Freres.

L'Incorporation de la première Cla††e se fait à grand frais, la dépen†e de la seconde Cla††e n'e†t pas fort importante, & une Couronne †uffit pour la troi†iéme Cla††e. Dans chaque Cla††e on di†tribuë la marque d'honneur d'Adam, ain†i qualifié afin de s'arroger un tître plus ancien que ceux des Ordres de Chevalerie de l'Etoile & de la Jaretiére.

Les Maçons effectifs, ont êté formés du nombre des Maçons acceptés : de ceux deux e†peces †ont †ortis les Gormogons dont Volgi êtoit Grand-Maitre, qui a conté †on origine des Chinois, les écrits de cet ancien Volgi, authori†ent l'opinion des Préadamites qui font entendre ceux, qui ont prècedés les autres ; †avoir la famille de Stuart† & des Jacobites, & les Adamites font †ous entendre les per†onnes du gouvernement depuis la révolution de l'an 1688. & †ont là en e†time chez la plupart de†s Confrères.

La †ociété la plus publique & la plus frequentée, e†t celle du grand Scalheber c'e†t une compagnie choi†ie de per†onnes qui aiment la conver†ation, leur entretien roule †ur le commerce & †ur d'autres matieres intere††antes, †ans †e contraindre : leur but êtant d'étendre leur amitié ju†qu'à un point †ans bornes. Le cas arrivant, qu'un nouveau Frere après †a Reception & connai††ance des my†tere†s de la †ociété, s'en dégoute, †oit à cau†e des frais qu'on renouvelle de trois en trois mois, †oit pour les raports reglés & à faire dans un terme pareil, ou d'autre mal-†atisfaction, & qu'il vient de s'en détacher ; en ce rencontre l'on ne doit jamais avoüer, qu'il ait eu connoi††ance des my†teres comme Frere incru†té, quoiqu'il ait été legitiment incorporé dan† une Chambre érigée de la †ociété.

 

Detail de ce qui s'exige pour la Reception

d'un Aprentif parmi les Francs-Maçons,

par Demandes & Repon†es

 

-D'où venez Vous ?

Du College ou Société de †aint Jean.

-Qu'e†t-ce que l'on Vous a commandé ?

Les bien-Nobles Confreres & Co-Membres du College de †aint Jean m'ont ordonné de vous †aluer cordialement trois fois.

-Que voulez vous faire ici ?

Je ne pretend pas †uivre ma propre volonté, mais plutôt contraindre mes de†irs, en ob†ervant les Préceptes des Maçons & de faire journellement des progrès en cette profe††ion.

-Etes Vous Maçons ?

L'on me tient pour tel, êtant reçû par les Freres & Membres.

-Comment peut-on être a††uré que vous êtes Maçon ?

Par des †ignes & par des preuves complettes touchant les ob†ervations principales de mon entrée.

-Qu'e†t ce que c'e†t des †ignes ?

Tous les angles quarrez & recti-angles.

-Quelles †ont les preuves ?

Des certains jeux de mains fraternels ordonnés.

-Eclairci††ez moi les points principaux de vôtre entrée ?

En me donnant de la lumiere touchant le premier chef, je vous éclairerai concernant le †econd.

-Ne les publierai Vous point ?

Je les cacherai toûjours.

-Qu'e†t-ce que vous cacherez ?

Toutes les cho†es †ecretes & my†terieu†es des Maçons, †i ce n'e†t envers un bon & legitime Frere, après avoir duëment interogé, & accepté dans un bien-noble College reglé par les Freres & Membres.

-Où e†t-ce qu'on vous a fait Maçon ?

Dans un College complet & reglé .

-en quoi con†i†te un College complet & reglé ?

Il faut †ept per†onnes ou davantage.

-Quelles †ont telles ?

Un Maître, deux In†pecteurs, deux Ouvriers, & deux Aprentifs acceptez.

-Combien faut-il pour un petit College ?

Cinq Per†onnes.

Quels †ont ces cinq ?

Ce †ont un Maitre, deux In†pecteurs, un Ouvrier, & un Aprentif accepté.

-Qui e†t-ce, qui vous introduit dans ce College ?

Un Aprentif accepté.

-De quelles circon†tances vôtre introduction fut-elle accompagnée ?

Cette entrée †e fit ni nud, ni habillé, ni chauffé, ni nud pied, †ans aucun métal, dans une figure ambulante & non †urnaturelle.

-De quelle maniere avez vous eu accé† ?

En frappant fortement trois fois.

-Qui e†t-ce qui vous a reçu ?

Un jeune In†pecteur.

Comment vous a t'il placé ?

Il me condui†it du côté du Nord-E†t du College, & de là en retournant vers le côté Oüe†t ; enfin, il me pre†enta à l'ancien In†pecteur.

-Que fit l'ancien In†pecteur à vôtre égard ?

Il me propo†a & m'en†eigna, qu'en avançant trois pas, je m'approcherois du Maître du College.

-Que fit le Maître du College à vôtre †ujet ?

Il me fit Maçon.

-Avec quelles ceremonies cela †e fai†oit-il ?

J'entrai en Office en fai†ant le †erment de Maçon. Voicy le po†ture, où je me tenois, couché †ur les genoux, le corps dans un quarré touchant par la circonference la poitrine gauche nuë, & mettant la main nuë †ur la Bible.

-Avez vous retenu l'engagement de votre profe††ion ?

Je ferai de mon mieux, pour en expliquer le contenu.

Je prote†te & jure en preference du tout-pui††ant DIEU, devant cette bien-noble A††emblée, que je tairai & cacherai iles Secret† my†terieux des Maçons, ou de la Societé des Maçons, dont on voudra me faire la communication; jamais je ne les découvrirai, †i ce n'e†t à quelque veritable & legitime Frere & Membre : De plus, je promets & a††ure que je ne les publirai point d'une façon non permi†e, ni par la voye de l'écriture, ni par celle de l'Impre††ion, ni par le de††in, ni par †culpture, tant en bois qu'en pierre, en imitant quelque caractere intelligible ou alphabet reconnoi††able. Le tout †ous le chatiment re†trictoire, Que la Langue me †oit tirée de la bouche, & le Cœur de la poitrine gauche que la Tête me †oit coupée & toutes ces piéces jettées dans la mer, où pendant les vingt quatre heures il y a deux fois flux & reflux, un peu éloigné du Rivage pour y être enterrées & enfoncées †ous le †able de la mer, à la façon des mariniers, le Corps reduit en cendres, qui †eront jettées au vent afin de ne plus con†erver aucun †ouvenir d'un traiter de Maçon.

-De quelle forme e†t la Chambre du College ?

C'e†t un quarré long.

-De quelle longueur e†t elle ?

D'e†t en Oüe†t

-De quelle largeur ?

Du Nord au †ud.

-De quelle hauteur ?

Des pouces, des pieds, des coudées innombrables, au††i haut que le ciel. (chaque coudée, fait deux pied de Pari†)

-De quelle profondeur ?

Ju†ques au centre de la terre.

-En quel endroit e†t placée cette chambre ?

Sur un fond †acré, †oit †ur la montagne la plu† haute, ou dans un valon le plu† profond ou dan† quelque autre lieu caché.

-Quelle e†t †a †ituation ?

Tout en E†t & Oüe†t.

-Pourquoi cette a††iétte ?

Pour imiter les Egli†es & les Chapelles.

-Quels †ont les fondements de cette Chambre ?

Trois grands Piliers.

-Quels Piliers donc ?

Ces trois colomnes ou Piliers †ont la Sage††e, le Force, & la Beauté.

-Quelle e†t la rai†on ?

La Sage††e pour l'ordonnance, la Force pour †oûtenir, & la Beauté pour l'ornement.

-Quel en e†t le plat-fond ?

C'e†t un Ciel de Nuées embelies de toute †orte Couleurs.

-Y a-t'il des meubles ?

Vraiment.

-Quels †ont ces aju†tements ?

Des ouvrages à la mo†aïque, une Cométe & une piéce garnie d'or.

-A quel u†age †ont employés ces effets ?

Le pavé de la Chambre e†t orné d'ouvrages à la Mo†aïque, la Comète †e trouve au centre, & tout le tour de la Chambre e†t tapi††é d'un brocard d'or.

-Y a t'il d'autres Ornements ?

La Bible, un Compas, & un Quarré.

-Qui e†t le Proprietaire de ces piéces ?

La Bible appartient à DIEU, le Compas au Maître, & le Quarré e†t de†tiné pour l'Ouvrier.

-Y a-t'il encore d'autres cho†es précieu†es ?

Oui, il y a encore autre cho†e.

-Qu'e†t-ce qu'il y a donc ?

Il y a encore †ix Pièces, trois à toucher & trois non à toucher.

-Quelles †ont les Pièces à toucher ?

Une Regle pour tirer des lignes parfaites & droites, le plomb pour examiner la droiture des murailles hori†ontalement & le cordon pour me†urer le fond perpendiculairement.

-Quelles †ont les trois autres ?

Une planche, une pierre-brute, & un marteau pointu.

-A quel u†age †ont de†tinez ces materiaux ?

La planche †ert au Maître pour de††iner des plans, la pierre vient à propos à l'ouvrier pour aigui†er †es In†truments, le Marteau pointu e†t utile à un Aprentif accepté.

-Cette Chambre ne manque-t'elle pas de luimere y fait-t'il clair ?

Il y a trois clartés.

-Quels †ont ces trois clartés ?

Le Solei, la Lune & le Maitre Maçon du College.

-Il faut expliquer cela davantage.

Le †oleil le jour, la Lune la nuit, & le Maître pour gouverner †on College.

-Se trouve-t'il des clartés immobiles dans cette chambre du College ? Oüi

-Combien en y a t'il ?

l'On y voit troi†.

-Comment †ont elles rangées ?

En E†t, en Sud & en Oüe†t.

-De quelle utilité †ont elles ?

Pour éclairer les Ouvriers tant durant le travail que pendant leur répos.

-Pour quelle raison n'en a t'il pas au Nord ?

Parce qu'il n'y a pas de rayons du Soleil de ce côté-là.

-Quelle place occupe vôtre Maître au College ?

Il †e tient en E†t.

-Pour quelle rai†on ?

Comme le Soleil †e leve en E†t précedé par l'Aurore, ain†i †e place le Maître en E†t, applicant †a main droite †ur la poitrine gauche, ayant un Angle rentrant au cou, ce qui a †a †ignification, c'e†t pour ouvrir le College & di†tribuer la manœuvre aux Ouvriers.

-Où †ont placés vos In†pecteurs ?

Ils †ont debouts en Oüe†t.

-Quelle e†t leur occupation ?

Comme le †oleil †e couche en Oüe†t pour finir le Jour, ain†i les In†pecteurs ce rangent de ce côté-là attachant leurs Mains droites †ur leurs Poitrines gauches, ayant au cou le Plomb d'E†pagne & la ficelle pour me†urer ce qui a †a †ignification, afin de fermer le College après avoir dechargé & payé tous les Travailleurs,

-Où e†t que †e tient l'Aprentif reçu ?

Au †ud.

-Que fait-il ?

Il fait attention à tout, dont on veut l'in†truire, il fait au††i les honneurs de la Salle, en reçevant & complimentant les nouveaux Freres.

-Où e†t po†té l'Aprentif accepté le plus recemment ?

L'on lui a a††igné le Nord.

-De quoy prend il †oin ?

Il veille à écarter les étrangers & les curieux.

-Quel e†t la punition d'un étranger q'uon attrape ?

On le place †ous une goutiere durant une forte pluye afin que les eaux le penetrent depuis la tête ju†ques aux pieds & que †es †ouliers en †oyent remplis.

-Quels †ont les My†teres des Maçons ?

Des †ignes, des Preuves & beaucoup de Verbiages.

-Où gardez-vous ces My†tere†s ?

Dans ma Poitrine gauche.

-Avez-vous la Clef (laquelle e†t la Langue) de ces my†teres ? Sans doute.

-En quel lieu e†t elle mi†e en garde ?

Dans une boëtte d'os (qui †ont les dents) laquelle ne s'ouvre & ne †e ferme qu'avec une clef d'yvoire.

-E†t elle penduë ou couchée ?

Elle e†t penduë.

-A quoy e†t elle attachée ?

A une courroye de †ix pouce† (courroye e†t l'attache de la Langue) ou à une bouclé, laquelle e†t la Gorge ou les Levres.

-De quel metal ou mineral e†t-elle ?

Ni de l'un, ni de l'autre, c'e†t une Langue apologetique laquelle parle mieux à la loüage d'un Frere ab†ent qu'en †a pre†ence.

-Combien y a-t'il d'Elements fondamenteaux pour les Maçons ?

Il y en a quatre.

-Comment les nomme t'on ?

Le Point, la Ligne, la †urface, & un Corps-Compact.

-Expliquez cela ?

Le Point ou le Point central empêche toute erreur du Maître ne fai†ant la circonférence, la Ligne e†t une Longueur †ans largeur, la Surface e†t une Longueur avec une largeur, un Corps-Compact entoure le tout.

-Combien y a-t'il de †ignes capitaux ?

J'en connoi†s quatre. Quels †ont il ? Ceux qui concernent la gorge, la Poitrine les mains, & les pieds. Cela demande quelque explication. Le Go†ier pui†qu'il aide à la prononciation, la Poitrine regarde l'interieur, la Main †ert à toucher les mains & autres cho†es, le Pied par raport au marcher.

-Que vous faut-il aprendre pour devenir Celebre Maître Maçon ?

Le †ilence, la mode†tie & un bon entretien.

-Qu'aprenez vous pour devenir un Maçon Ouvrier ?

J'aprens à colorer, à faire un quarré, à polir des pierres inégales, à égali†er la †urface, & à tirer une muraille en droiture.

-Avez vous veu aujourd'hui le maître de vôtre College ,

Je l'ai veu.

-Quel habillement porte t'il ?

Un habit jaune (qui †ignifie le Compas de cuivre) & des bas Bleus (qui †ont les pointes d'acier du Compas.

-Combien avez vous †ervi auprès du maître du College ?

Depuis le matin du Lundi, ju†ques au †oir du †amedi.

-Comment avez vous †ervi ?

Avec de la chaux, des charbons de bois, & une pelle de terre.

-Quelle †ignification a cela ?

La Liberté, le †erieux, & le Zele.

-Dites-moi le †igne d'un Aprentif accepté.

Le †igne & la preuve, en e†t, d'étendre les quatres doigts de la main droite en frottant doucement la Gorge. Autre preuve, le gros du pouce droit, s'applique †ur le premier membre du premier doigt du Frere, qui exige le mot de guet.

-Donnez-moy le mot de guet ?

BOAZ, ou le mot de BOAIE†.

-Donnez-moy encore un autre mot.

JOACHIM, ou le mot JAKHIN.

-Quel âge avez vous ?

Moins de †ept ans.

-Pourquoi fait-il jour ?

Afin que l'on pui††e voir.

Pourquoy fait-il unit ?

C'e†t pour entendre pendant †on †ilence.

-Quel vent fait-il ?

Tout E†t & Oüe†t.

-Quel heure e†t-il ?

Il e†t midi ou minuit.

 

 

Reception & qualités nece††aires d'un Frere

Ouvrier, Sujet à l'Examen.

 

-Etes vous Frere-Ouvrier ?

C'e†t ce que je †uis.

-Pourquoi vous a-t'on fait Frere-Ouvrier ?

A cau†e de la lettre G.

-Que †ignifie ce G ?

C'e†t la Geometrie ou la cinquiéme †cience.

-Avez-vous voyagé ?

J'ai fait voyage en Orient & en Occident.

N'avez-vous jamais maçonné ?

J'ai maçonné à l'édification du Temple.

-Où e†t-ce qu'on vous a payé ?

Dans la Chambre interieure.

-Comment avez-vous eu entrée dans la Chambre ?

En pa††ant au travers d'une anti-Chambre.

-Au pa††age de l'Anti-Chambre qu'y avez-vous remarqué ?

J'y ai veu deux grandes Colomnes.

-Comment les appele t'on ?

J. & B. qui †ignifie JOACHIM, & BOAZ.

-De quelles hauteur †ont elles ?

De dix-huit coudées.

-De combien e†t leur circonference ?

De douze coudées.

-Quels ornements y a-t'il ?

Il y a deux Chapitaux.

-De quoy †ont ils compo†es ?

Ils †ont compo†és de rets & de pomes de Grenade.

-Par quel chemin avez-vous penetré ju†qu'à la Chambre interieur ?

J'y ai monté par un e†calier derobé fait en e†cargot.

-Combien de dégrez a cet e†calier ?

Il y a †ept ou davantage.

-Pourquoy le nombre †ept ou davantage ?

Pui†que †ept ou plus, compo†e un College complet.

-En entrant par la porte de la Chambre interieure qu'y avez-vous remarqué ?

D'abord un In†pecteur †e pre†enta à ma vuë.

-Vous a-t-il que†tioné ?

Il me fit trois demandes.

-Quelles étoient ces demandes ?

Il me demanda un †igne, une preuve, & le mot de guet.

-De quelle hauteur e†t la porte de la Chambre interieure ?

Elle e†t au††i haute qu'aucun étranger ne †auroit y arriver avec la main pour y ficher un éclat de bois.

-Etant entré dans la chambre, qu'e†t-ce qui a frappé le plus vôtre vûë ?

J'y vis quelque cho†e re††emblant à un D....

-Que †ignifie ce D...?

Il repre†ente une cho†e plus grande que vous.

-Qui e†t donc plus grand que moi ? qui †uis Franc-Maçon accepté & Maître de la †ociété.

Le grand prudent Architecte du rond du monde ou celui qui fut mené †ur le haut du Temple.

-†auriez vous repeter la leçon de la lettre D...

Je tacherai de reu††ir : au mileu du Temple de †alomon un D... cette lettre †e voit & †e reconnoit parfaitement, cependant la †ignification n'en e†t connuë que de peu de monde.

-Mon Ami parce que vous prétendez apartenir à cette †ociété, rien ne doit vous empecher de m'expliquer la signification de ce D...

C'e†t par les †ciences que plu†ieurs e†peces de corps ont reçu des lumieres, dont nous avons l'in†pection. Je ne decouvrirai toutefois mes pen†ées, qu'aux hommes.

-Vous en ferez donc part à des hommes †inceres ?

-†'ils meritent cette avantage.

-Je †uis †inceres, au††i bien que digne de l'honneur de vous rendre re†pectable, & je vous ordonne de me faire entendre à l'in†tant par des paroles & par des †ignes, †i vous me comprenez tant que je vous comprens ?

Ce D... renferme my†terieu†ement le mot de Guet & la cinquiéme †cience, ou Geometrie avec un art convenable & une prononciation non affectée.

-Mon ami vôtre repon†e e†t ju†te & je changerai le mot d'ami en celui de Frere, †i vous me découvrez les francs fondements comme il faut.

Les †ciences †ont my†terieu†ement compo†ées par un Architecture admirable re††emblant à un anagramme ; un point, une ligne & un coin externe : cependant un corps compact fait la derniere.

-Je me felicite de l'heureu†e rencontre en Vous †alüant amicalement. Et tous les Bien-Nobles Freres & Co-Membres d'où je †uis venu.

Ils vous †alüent, †alüent †alüent triplement de cœur, en vous priant de m'aprendre vôtre Nom.

Je †uis un tel... Soyez le bien venu Frere par la Grace de...

 

 

Reception & Qualités Requises

d'un Maître par l'examen.

 

-Etes-vous un Maître Maçon ?

Je le †uis, éprouvez-moi, interrogez-moi, & †i vous le trouvez bon, rejettez-moi.

-Où étoit vôtre Maître precedent ?

Dans une †ociété de Maître complette.

-Combien faut-il pour une †ocieté de maître complette ?

Elle e†t compo†ée de trois Maîtres.

-Par quel moyen êtes vous parvenu à la Maîtri†e ?

Par le †ecours de DIEU, par le quarré & par ma diligence.

-De quelle façon vous a-t'on déclaré Maître ?

A l'aide du Quarré & du Compas.

-Je pen†e que vous avez été auparavant Aprentif reçu.

J'ai vu Joachim & Boaz, j'ai été fait Maître avec un Diamant, une pierre inégale & un Quarré, ce qui ne †e pratique pas †ouvent.

-En vrai Maître Maçon vous †avez donc parfaitement la regle de troi†, & M. B. ? c'e†t Mach-Benah qui vous rendra franc, & s'il vou† manque quelque cho†e en l'art de Maçonnerie, on vous l'apprendra dans ce College ou Societé.

J'entens ce métier †ans exception, je connois les clefs de tous les Colleges.

-Vous êtes un Garçon heroïque, d'où venez-vous ?

Je viens d'Orient.

-Ou allez-vous ?

Je vais en Occident.

-Qu'allez-vous faire là ?

J'y chercherai ce qui a été perdu & enfin retrouvé.

-Qu'e†t donc cette cho†e perduë & retrouvée ?

Le mot de Maître Maçon.

-Par quelle occa†ion a-t'il été perdu ?

Par trois coups furieux ou par la mort de nôtre grand Maître Hiram.

-Comment e†t-il peri ?

Chargé de l'érection du Temple de †alomon en qualité de Maître Maçon, en fai†ant †elon †a coûtu la vi†ite des ouvrages à midi, les travailleurs s'étant ab†entés pour dîner, entré, au Temple trois †celerats qu'on †uppo†e des Freres Ouvriers, †e po†terent aux trois portes du Temple, en voulant †ortir, il fut arrêté & on lui demanda le Mot d'un Maître, s'excu†ant qu'il ne l'avoit pas reçu d'une pareille façon, recommandant la patience & que dans peu cela †e trouveroit : †a repon†e ne †ati†fai†ant point l'Interrogateur, il lui donna un grand coup, dont il chancela. Il croyoit de pa††er par la †econde porte, mais il y fut regalé de même d'un coup effroyable, après avoir fait une †emblable replique, enfin à la troi†iéme porte, où il †e pre†enta, il fut frappé †i durement qu'il mourut.

-Qu'emploioïent ces a††a††ins pour le tuër ?

Des coups meurtriers, des in†truments durs ; & des †antinelles pui††antes.

-Comment en u†erent-ils en†uite ?

Ils †ortirent le corps mort du Temple par la porte d'Occident & le cacherent †ous un monceau de pierre ju†qu'a minuit.

-En quel tems ce Crime †e fit-il ?

De nuit pendant que tous le monde repo†oit.

-Que firent-ils encore ?

Il† le porterent †ur une haute montagne & lui donnerent une †epulture commune.

-Quand e†t-ce que l'on s'apperçu de †on ab†ence ?

L'on ne s'en apperçut que le †eptiéme jour.

-Quand e†t-ce qu'il fut retrouvé ?

Ce fut quinze jours après.

-Qui e†t-ce qui l'a trouvé ?

Par order du Roi †alomon quinze aimables Freres †ortirent par la porte Occidentale du Temple & †e rangerent à droite & à gauche en †éloignant l'un de l'autre, à une di†tance convenable qu'ils pouvoient s'entendre. De plus ils étoient convenus qu'en cas le mot de Maître ne †e trouva point auprès du corps, le hazard leur en fourniroit un autre. Un de ces Freres fatigué en montant la montagne s'a††it, & tira avec facilité de la terre quelques branches & s'appercevant que le font y avoit été remué fraichement, il appella les autres Freres, en examinant, ils reconnurent que ce corps y avoit été enterré dans un fo††e commune, †ix piéds vers l'Orient, †ix piéds vers l'Occident & autant en profondeur ; cette †epulture êtoit couverte de quelque terre legere & un peu de verdure. †urpris d'étonnement ils s'éclaterent en criant grace à DIEU, nôtre Maître a eu une belle mai†on, ils refermerent la fo††e en y attachant pour tout ornement une branche de Ca††ia ; puis ils en firent raport au Roi †alomon.

-Que commanda ce Roi †avant ?

Il ordonna de le déterrer & de faire †on enterrement avec ceremonie, le corps étant accompagné par quinze Freres Ouvriers avec des gands blancs & de tabliers : ce qui devoit encore †e pratiquer aujourd'hui parmi les Maçons.

-De quelle maniere Hiram fut-il élevé ?

De même que les autres Maçons quand ils l'obtienent.

-Comment cela †e fait-il ?

Par les cinq points de la Confrairie.

-Quels †ont ces points ?

1. Main contre main, 2. pied contre pied, 3 jouë contre jouë, 4. genou contre genou, 5. & puis la main au dos. A l'élévation de Hiram on le prit à l'extremité des doits, dont la peau †e quitta, ce que l'on nomma le vernis, on apelle poigner le mouvement de la main droite, ou par †on extention en pliant le doigt du milieu, & en étendant le premier doigt & le quatriéme, en le penchant vers les côtez du pli. Le †igne c'e†t d'appliquer †ur la poirine gauche le pouce droit, en étendant les autres doigts.

-Comment apelle-t-on un Maître Maçon ?

Je m'apelle Ca††ia & je †ort d'un College reglé & complet.

-Où e†t-ce que l'on a enterré Hiram ?

Dans l'intérieur du Temple.

-Par quelle porte y a-t-il été porté ?

Par la porte du Couchant.

-Quels †ont les bijoux d'un Maître !

Les Ve†tibule, les Fenêtres du toit & la planche quarrée.

-Expliqué moi cela?

-Le Ve†tibule †ignifie le Garçon dant l'interieur, les Fenêtres du toit denotent les ouvertures ou clartés interieures, la Planche quarrée de†igne le fond d'une planche. Rendez-moi la parole des Maîtres ?

-Il lui parla à l'oreille & di†oit avec l'a††i†tance de cinq de la Confrairie MachBenah c'e†t à dire un Maître Ovrier. Quand vous voyez des Maçons-Ouvriers à l'ouvrage & que vous †ouhaitez de di†tinguer un Maçon reçu des autres, prenez une piéce de brique & demandez leur quelle odeur †i trouve, un Maçon reçu vous repondra †ur le champs, qu'elle ne †ent ni le cuivre, ni le fer, ni l'acier, mais qu'il porte uniquement l'odeur d'un Maçon. En l'interrogeant †ur †on âge, il repliquera j'ai pa††é les †ept ans, ce qui e†t la marque d'un Maître.

 

Voila tous les Interogats, les Declarations & toutes les di†tinctions d'un Maître & ses Aprentifs.

Cette fameu†e Confrairie po††ede quatre-vingt & onze Colleges, di†tribuées en differens endroits de la Grande Bretagne, où ils tiennent leurs A††emblées en des tems reglés. On vient de faire partir pour l'Amerique des Maîtres, afin de dre††er quelques Colleges dans les Colonies Angloi†es. Depuis peu cet Order s'e†t étendu en France, Allemagne & en Italie, tout au††itôt que la Cour en a été in†truite, on a pris de† me†ures pour en empêcher les progrès en défendant les A†emblées à Paris & ailleurs, quoiqu'il y avoit des grands Seigneurs incorporés en cette Société.

L'inqui†ition s'en e†t mêlée à Rome & à Florence, où l'on e†pere pourtant que cette nouveauté †era tollérée, parce que le Souverain dans †on voyage en Angleterre, il n'y a pas long-tems, a bien voulu s'y faire in†crire.

Plu†ieurs Princes, Ducs, Marquis, Comtes, même des Souverains, ont bien voulu entrer en cet Ordre, l'on ne doit pas †uppo†er, qu'ils ont été obligés à †e †oûmettre à toutes ces po†tures genantes, à tous ces Interrogats & explications ; vrai semblablement la Confrairie les a di†pen†é de toutes ces extravagances : il e†t probable, qu'on leur a caché, †inon en tout, du moins une partie de ces ceremonies, tant du †erment que des autres Statuts & Coûtumes, étant de l'intérêt de la Compagnie, que non †eulement le veritable but de l'intention demeure ignoré, mais au††i que des Per†onnes di†tinguées d'autres Pays que l hazard y fait entrer, ne s'apperçoivent pas du menu ; on a †oin plûtot de les divertir de toute Reflexion en les régalant magnifiquement.

A con†iderer †uperficiellement & à l'exterieur apparant, le détail des que†tions & répon†es d'un établi††ement, dont le bruit a rempli tout le monde, l'on peut juger †ans temerité, qu'il y a la de††ous caché quelque mi†tere impenetrable au plus grand nombre de Membres.

Ce qui regard le nom de Franc-Maçon, a une double †ignification, & e†t compo†é de deux mots. Par le mot Franc, l'on prétend denoter que la †ocieté †e pique d'une grande Liberté, d'une franchi†e en leurs manieres, d'une con†tance & fermeté inébranlable dans leurs de††eins, prenant pour modele une muraille forte cimentée par la main d'une habile Maçon, pour qu'elle n'a rien à craindre de la violence du Vent.

Et le mot de Maçon, ne dé†igne autre cho†e, qu'un Ouvrier qui travaille avec †es in†truments pour la con†truction d'une muraille de pierres ou de briques, employant un alliage de chaux & de pierres démelés avec de l'eau, pour lier ces pierres ou ces briques pour l'érection d'un Edifice, où il plu†ieurs Ouvriers, le†quels †ont †ubordonnés à des Maîtres qui dependent d'un Architecte qui en a la direction : en peut de mots, un Franc-Maçon †ignifie un libre Ouvrier.

Voila donc la méthode étudiée pour leur façon d'agir, comme au††i les Interrogats & les Reparties, le Ceremoniel & les Explications, les Ge†tes des mains & les autres Actions †emblant a††ez conformes à cette de†cription ; nonob†tant on a††ure qu'il n'y a rien contre le Roi, la Religion ni contre la Loi, cependant plu†ieurs circon†tances de ce My†tere ne lai††ent pas d'être contredites, ce qui n'empêchera nullement d'y ajouter foi, étant certifiées par des per†onnes dignes de toute créance, comme au††i par †amuel Pritchard déclaré juridiquement par †erment le 13. d'Octobre 1730. devant moy

R. HOPKINS.

 

 

 

LA JUSTIFICATION DE L'AUTEUR

PAR LUI-MÊME VIS-A-VIS

DE LA PARTIE LÉSÉE DE L'HUMANITÉ

 

Traduction réalisée en 1930 par l'Œuvre de Editions Maçonniques

de la Loge

la Parfaite intelligence et l'Etoile Réunies (Orient de Liège).

 

De toutes les impostures que l'humanité a vues naître, aucune n'est aussi ridicule que le Mystère de la Maçonnerie, qui a amusé le monde et suscité des hypothèses variées. Ce prétendu mystère&emdash;infirmé&emdash; a été publié &emdash;bien qu'imparfaitement&emdash; et l'article essentiel, c'est-à-dire le serment a été plusieurs fois imprimé dans les journaux, mais il est entièrement authentique dans le Daily Journal du samedi 22 Aout 1730 et il concorde en véridicité avec celui qui est donné dans la présente brochure ; quand l'obligation au secret est abolie, le susdit secret devient inefficace et par conséquent il doit être complètement supprimé. C'est ainsi que quelques Maçons opératifs (Maçons acceptés, d'après l'expression de bon ton) venant de la première et de la plus ancienne Loge constituée (selon le Livre de la Loge à Londres) firent une visite à une Loge importante de cette ville. L'entrée leur fut refusée, parce que leur ancienne Loge avait été transférée dans un autre immeuble ; ce qui &emdash;bien qu'en opposition avec ce grand mystère&emdash; nécessite une autre constitution au prix d'au moins deux guinées, avec une réception élégante, prétendûment imputée à des buts charitables, ce qui, si c'était justement appliqué mériterait de grands éloges à une entreprise aussi digne. Mais on peut en douter. Et il est plus raisonnable de penser que cet argent est employé à constituer un autre système de Maçonnerie, le vieux bâtiment étant tellement en ruines, que &emdash;à moins qu'il ne soit réparé par quelque mystère occulte&emdash; il ne tardera pas à être réduit à néant.

J'ai été amené à publier ce grand secret pour le bien public, à la requête de divers Maçons et j'espère qu'il donnera entière satisfaction et qu'il aura l'effet désiré en empêchant tant de personnes crédules d'être attirées dans une société si pernicieuse.

 

F. I. N. I. S.

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