Retour Rituels
(3)
NOUVEAU
CATECHISME
DES
FRANCS-MAÇONS.
_______________
CATÉCHISME
DES APPRENTIFS.
DEMANDE.
Quel est le premier soin d'un
maçon ?
REPONSE.
C'est de voir si la Loge est bien couverte.
(4)
DEMANDE.
Etes vous Maçon ?
REPONSE.
Mes Frères et Compagnons me reconnoissent pour tel.
DEMANDE.
A quoi connoîtrai-je que vous êtes
Maçon ?
REPONSE.
A mes Signes, mes Marques et ma Parole.
DEMANDE.
Quels sont les Signes des Maçons ?
REPONSE.
L'Equerre, le Niveau, & la Perpendiculaire.
DEMANDE.
Quels sont les Marques ?
REPONSE.
Certains Attouchements réguliers que l'on se donne
entre Frères.
(5)
DEMANDE.
Donnez-moi le Signe d'Apprentif ?
(On fait le Signe d'Apprentif.)
DEMANDE.
Donnez-moi l'Attouchement ?
(On donne l'Attouchement.)
DEMANDE.
Donnez-moi la Parole ?
REPONSE.
Je l'épellerai avec vous. Dites moi la
première lettre, je vous dirais la seconde.
DEM. J
REP. A
DEM. K
REP. I
DEM. N
(6)
DEMANDE.
Que veut dire JAKIN ?
REPONSE.
Ma force est en Dieu ; & c'est le nom d'une des deux
colonnes d'airain, placées à la porte du Temple de
Salomon, auprès de laquelle s'assembloient les Apprentifs pour
prendre l'Ordre.
DEMANDE.
Quel est le mot de Passes des Apprentifs ?
REPONSE.
T U B A L C A I N
DEMANDE.
Que veut dire TUBALCAIN ?
REPONSE.
C'est le fils de Lamech, le premier qui travaille les
Métaux.
(7)
DEMANDE.
D'où venez-vous ?
REPONSE.
De la Loge de Saint-Jean.
DEMANDE.
Quel recommandation nous apportez-vous ?
REPONSE.
Bon accueil aux Frères Visiteurs.
DEMANDE.
N'apportez-vous rien de plus ?
REPONSE.
Le Vénérable Maître de la Loge de
Saint-Jean vous salue par trois fois.
DEMANDE.
Que venez-vous faire ici ?
REPONSE.
Vaincre mes passions, soumettre mes volontés &
faire de nouveaux progrès dans la Maçonnerie
(8)
DEMANDE.
Où avez-vous été reçu
Maçon ?
REPONSE.
Dans une Loge complette & régulièrement
assemblée.
DEMANDE.
Combien y a-t-il de sortes de Loges ?
REPONSE.
Trois : sçavoir ; la simple, la juste & la
parfaite.
DEMANDE.
Qui compose la Loge simple ?
REPONSE.
Trois, un Vénérable Maître, & deux
Surveillans.
(9)
DEMANDE.
Où étoit placé le
Vénérable ?
REPONSE.
A l'Orient.
DEMANDE.
Pourquoi ?
REPONSE.
De même que le Soleil se lève à
l'Orient pour ouvrir le Jour, ainsi le Vénérable s'y
place, pour ouvrir la Loge, l'éclairer, la gouverner, &
mettre les Ouvriers à l'uvre.
DEMANDE.
Où étoient placés les Surveillans ?
REPONSE.
A l'Occident.
DEMANDE.
Pourquoi ?
REPONSE.
De même que le Soleil se cou-
(10)
che à l'Occident, pour fermer le Jour, ainsi les
Surveillans s'y placent pour fermer la Loge, payer les Ouvriers,
& les renvoyer contens.
DEMANDE.
Où se tenoient les Apprentifs ?
REPONSE.
Au Septentrion.
DEMANDE.
Pourquoi ?
REPONSE.
Pour garder et renforcer la Loge.
DEMANDE.
Pourquoi vous êtes-vous fait recevoir Maçon ?
REPONSE.
Parce que j'étois dans les ténèbres,
& que j'ai voulu voir la lumière.
(11)
DEMANDE.
Par qui avez-vous été introduit en loge ?
REPONSE.
Par un Ami qui m'a remis entre les mains d'un autre Ami,
que j'ai reconnu après pour le second Surveillant.
DEMANDE.
Qui vous a examiné en Loge ?
REPONSE.
Un expert
DEMANDE.
Dans quel état étiez-vous alors ?
REPONSE.
Ni nud, ni vêtu ; cependant dans une posture
décente & dépourvu de tous Métaux.
DEMANDE.
Pourquoi ni nud, ni vêtu ?
REPONSE.
Parce que la vertu n'a pas
(12)
besoin d'ornemens pour paroître avec éclat.
DEMANDE.
Pourquoi dépouillé de tous métaux ?
REPONSE.
C'est que lorsqu'on bâtit le Temple de Salomon, on
n'entendit aucun bruit de marteau, ou d'autres outils,
composés d'aucun métal.
DEMANDE.
Comment a-t-on pu élever un si vaste & solide
édifice, sans le secours d'aucun instrument construit de
métaux ?
REPONSE.
C'est qu'Hiram, roi de Tyr, envoya à Salomon, les
Cèdres du Liban, tous taillés & prêts
à po-
(13)
ser, & Salomon en fit faire autant dans les
carrières, des pierres dont il avoit besoin pour son Temple.
DEMANDE.
Comment avez-vous été introduit en Loge ?
REPONSE.
Par trois grands coups.
DEMANDE.
Que signifie ces trois grands coups ?
REPONSE.
Trois Paroles de l'Ecriture Sainte : Frappez, on vous
ouvrira ; Parlez, on vous répondra ; Demandez, on vous
donnera.
DEMANDE.
Que vous ont produits ces trois grands coups ?
(14)
REPONSE.
Un second Surveillant.
DEMANDE.
Qu'a-t-il fait de vous ?
REPONSE.
Il m'a fait faire trois fois le tour de la Loge, par le
Septentrion, & m'a remis à l'Occident, entre les mains du
premier Surveillant.
DEMANDE.
Que cherchiez-vous dans cette route ?
REPONSE.
La lumière.
DEMANDE.
Que vous a fait faire le premier Surveillant ?
REPONSE.
Il m'a fait mettre les pieds en équerre, il m'a
fait voyager en
(15)
Maçon, & il m'a présenté au
Vénérable Maître.
DEMANDE.
Comment voyagent les Apprentifs ?
REPONSE.
De l'Occident à l'Orient.
DEMANDE.
Pourquoi ?
REPONSE.
Pour aller chercher la lumière.
DEMANDE.
Qu'est-ce que le Vénérable a fait de vous ?
REPONSE.
Avec le désir sincère que j'avois & le
consentement de la Loge, il m'a reçu Maçon.
DEMANDE.
Comment vous a-t-il reçu Maçon ?
REPONSE.
Avec toutes les formalités re-
(16)
quises ; j'étois dépourvu de tout
Métaux ; j'avois le genou droit nud sur l'Equerre ; le soulier
gauche en pantoufle ; la main droite sur l'Evangile ; & de la
gauche je tenois un Compas à demi-ouvert sur la mamelle
gauche, qui étoit nue.
DEMANDE.
Que faisiez-vous dans cette posture ?
REPONSE.
Je contractois un engagement de garder les Secrets des
Maçons & de la Maçonnerie.
DEMANDE.
Quels sont ces Secrets ?
REPONSE.
Des Paroles, des Attouchements, & des Signes, sans
nombre.
(17)
DEMANDE.
Qu'avez-vous vu quand vous avez entré en Loge ?
REPONSE.
Rien que l'esprit humain puisse comprendre.
DEMANDE.
Qu'avez-vous vu quand vous avez été
reçu Maçon ?
REPONSE.
Trois grandes Lumières, placées l'une
à l'Orient, l'autre à l'Occident, & la
troisième au midi.
DEMANDE.
Pourquoi point au Septentrion ?
REPONSE.
C'est que les rayons du Soleil
(18)
pénètrent foiblement vers cette partie
DEMANDE.
A quoi servoient ces Lumières ?
REPONSE.
A éclairer ceux qui venoient à la loge, ceux
qui y travailloient, & ceux qui s'en retournoient.
DEMANDE.
Que signifient ces trois Lumières ?
REPONSE.
Le Soleil, la Lune, & le Maître de la Loge.
DEMANDE.
Où étoit située votre Loge ?
REPONSE.
Dans la vallée de Josaphat, au pied de la plus
haute montagne.
(19)
DEMANDE.
Quelle forme avoit-elle ?
REPONSE.
Un quarré long.
DEMANDE.
Quel longueur ?
REPONSE.
De l'Orient à l'Occident.
DEMANDE.
Quelle profondeur ?
REPONSE.
De la surface de la Terre au centre.
DEMANDE.
Quelle largeur ?
REPONSE.
Du Midi au Septentrion
DEMANDE.
Quelle hauteur ?
(20)
REPONSE.
Des pieds, des toises, & des coudées sans
nombre.
DEMANDE.
Qui la couvroit ?
REPONSE.
Un Dais céleste, orné d'étoiles.
DEMANDE.
Qui la soutenoit ?
REPONSE.
Trois grands Piliers.
DEMANDE.
Comment les nommez-vous ?
REPONSE.
Sagesse, Force, & Beauté.
DEMANDE.
Pourquoi les nomme-t-on ainsi ?
REPONSE.
Sagesse pour inventer ; Force pour soutenir ;
Beauté pour orner.
(21)
DEMANDE.
Combien y avoit-il de Fenêtres ?
REPONSE.
Trois.
DEMANDE.
Où étoient-elles situées ?
REPONSE.
L'une à l'Orient, l'autre au Midi, & la
troisième à l'Occident.
DEMANDE.
Combien y avoit-il de Bijoux dans votre Loge ?
REPONSE.
Six ; sçavoir : trois mobiles, & trois
immobiles.
DEMANDE.
Quels sont les bijoux mobiles ?
REPONSE.
L'Equerre, le Niveau, & la Ligne d'à-plomb.
DEMANDE.
Quels sont les bijoux immobiles ?
(22)
REPONSE.
La Planche à tracer, la Pierre brute, & la
Pierre cubique à pointe.
DEMANDE.
Quel est l'usage des bijoux mobiles ?
REPONSE.
L'Equerre sert à donner la forme ; le Niveau
à mettre à l'uni ; & la Ligne d'à-plomb,
à élever des perpendiculaires sur leurs bases.
DEMANDE.
Quel est l'usage des bijoux immobiles ?
REPONSE.
La Planche à tracer sert aux Maîtres pour
faire leurs Plans ; la Pierre brute sert aux Compagnons pour
travailler, & la pierre cubique à pointe sert aux
Apprentifs pour aiguiser les outils.
(23)
DEMANDE.
A qui étoit dédiée votre Loge ?
REPONSE.
A Saint Jean.
DEMANDE.
Pourquoi ?
REPONSE.
C'est que du temps des guerres Saintes, dans la Palestine,
les Chevaliers Maçons se réunirent aux Chevaliers de
Saint Jean de Jérusalem.
DEMANDE.
Pourquoi met-on l'épée à la main
quand on reçoit un Frère ?
REPONSE.
C'est pour écarter les profanes.
(24)
DEMANDE.
Combien y a-t-il de sortes de Maçons ?
REPONSE.
De deux sortes ; sçavoir : les Maçons de
théorie, & les Maçons de pratique.
DEMANDE.
Qu'apprenez-vous étant Maçon de
théorie ?
REPONSE.
Une bonne morale, à épurer nos murs,
& à nous rendre agréables à tout le monde.
DEMANDE.
Q'est-ce qu'un Maçon de pratique ?
REPONSE.
C'est l'Ouvrier Tailleur de pierre,
(25)
& qui élève des Perpendiculaires sur
leurs bases.
DEMANDE.
Quels sont les devoirs d'un Maçon ?
REPONSE.
De fuir le Vice, & de pratiquer la Vertu.
DEMANDE.
Quels sont ses qualités ?
REPONSE.
Force, Sagesse, & Beauté.
DEMANDE.
Comment réunit-il en lui ces trois qualités
?
REPONSE.
Sa Force est dans l'union avec ses Frères ; sa
Sagesse, dans les murs, & la Beauté, dans son
caractère.
(26)
DEMANDE.
Quelle heure est-il ?
REPONSE.
Douze heures sonnées.
DEMANDE.
Quel âge avez-vous ?
REPONSE.
Au dessous de sept ans.
Fin du Cathéchisme des Apprentifs.
(27)
CATÉCHISME
DES COMPAGNONS.
DEMANDE.
Etes-vous Compagnon ?
REPONSE.
Oui, je le suis, Vénérable.
DEMANDE.
Pourquoi vous êtes-vous fait Compagnon ?
REPONSE.
Par rapport à la lettre G
DEMANDE.
Que signifie la lettre G ?
REPONSE.
Géométrie, ou cinquième des Sciences.
(28)
DEMANDE.
Avez-vous travaillé ?
REPONSE.
Oui, Vénérable.
DEMANDE.
Avez-vous été payé ?
REPONSE.
J'en suis content.
DEMANDE.
Où avez-vous travaillé ?
REPONSE.
Dans le Temple de Salomon.
DEMANDE.
Par où y êtes-vous entré ?
REPONSE.
Par la porte de l'Occident.
DEMANDE.
Qu'avez-vous remarqué ?
(29)
REPONSE.
Deux grands Piliers.
DEMANDE.
De quelle matière étoient-ils ?
REPONSE.
De bronze.
DEMANDE.
De quelle hauteur ?
REPONSE.
De dix-huit coudées.
DEMANDE.
Quelle en étoient la circonférence ?
REPONSE.
De douze coudées.
DEMANDE.
Et l'épaisseur ?
REPONSE.
De quatre doigts.
DEMANDE.
Quels étoient leurs ornements ?
(30)
REPONSE.
Deux Chapiteaux, décorés de Lys, avec des
Pommes de grenades.
DEMANDE.
Combien y en avait-il ?
REPONSE.
Cent & plus.
DEMANDE.
Où se tenoient les Compagnons ?
REPONSE.
Au Midi.
DEMANDE.
Pourquoi ?
REPONSE.
Pour recevoir l'instruction, & faire bon accueil aux
Frères Visiteurs.
DEMANDE.
Donnez-moi des signes de Compagnon ?
(31)
(On fait le Signe de Compagnon.)
DEMANDE.
Donnez-moi l'Attouchement ?
(On donne l'Attouchement.)
DEMANDE.
Donnez-moi la Parole ?
REPONSE.
Je l'épellerai avec vous. Dites-moi la
première lettre, je vous dirai le seconde.
DEM. B
REP. O
DEM. O
REP. Z
DEMANDE.
Que signifie BOOZ ?
REPONSE.
La persévérance dans le bien ;
(32)
c'est le nom de l'autre Pilier placé à la
porte du Temple, auprès duquel s'assembloient les Compagnons
pour recevoir leur salaire.
DEMANDE.
Quel est le mot de passe des Compagnons ?
REPONSE.
S C H I B B O L E T H.
DEMANDE.
Que veut dire SCHIBBOLETH ?
REPONSE.
C'était le mot de passe des Tribus qui
étoient en guerre avec la Tribu d'Ephraïm ; les
Sentinelles postées sur le bord du Jourdain, demandaient aux
Ephraïmites ce mot, qu'ils ne pouvaient prononcer comme les
autres ; alors, on les reconnoissoit pour ennemis, & on les
précipitoit dans le Fleuve après les avoir tués.
(33)
DEMANDE.
Comment voyagent les Apprentifs Compagnons ?
REPONSE.
De l'Occident au Midi ; du Midi au Septentrion, & du
Septentrion à l'Orient.
DEMANDE.
A quoi se réduisent les principaux Signes de la
Maçonnerie ?
REPONSE.
A quatre.
DEMANDE.
Qui sont-ils ?
REPONSE.
Le Guttural, le Pectoral, le Manuel & le
Pédestre.
DEMANDE.
A quoi sert le Guttural ?
REPONSE.
A donner le Signe d'Apprentifs,
(34)
& à nous faire souvenir que nous
mériterions d'avoir la gorge coupée, si nous
révélions le secret de la Maçonnerie.
DEMANDE.
A quoi sert le Pectoral ?
REPONSE.
A donner le Signe de Compagnon ; à marquer que nous
gardons les secrets des Maçons, dans le cur ; &
à nous souvenir, que nous mériterions de l'avoir
arraché, si nous étions capables de violer notre
Serment.
DEMANDE.
A quoi sert le Manuel ?
REPONSE.
A donner l'Attouchement.
DEMANDE.
A quoi sert le Pédestre ?
(35)
REPONSE.
A marquer un Maçon, exact à mettre ses pieds
en équerre.
DEMANDE.
Combien avez-vous d'ornemens dans votre Loge ?
REPONSE.
Trois.
DEMANDE.
Qui sont-ils ?
REPONSE.
Le Pavé mosaïque, l'Etoile flamboyante, &
la Houppe dentelée.
DEMANDE.
Quel étoit leur usage ?
REPONSE.
Le Pavé mosaïque pavoit le Temple, l'Etoile
flamboyante étoit au centre, & la Houppe dentelée
bornoit les extrémités.
(36)
DEMANDE.
Avez-vous vu votre Maître aujourd'hui ?
REPONSE.
Oui, Vénérable.
DEMANDE.
Comment étoit-il habillé ?
REPONSE.
D'or & d'azur.
DEMANDE.
Depuis quel tems le servez-vous ?
REPONSE.
Depuis le Lundi matin jusqu'au Samedi au soir.
DEMANDE.
Comment le servez-vous ?
REPONSE.
Avec zèle , ferveur, & liberté.
DEMANDE.
Quel est le nom d'un Maçon ?
(37)
REPONSE.
G A B A N O N.
DEMANDE.
Et celui d'un fils de Maçon ?
REPONSE.
LUSTON.
DEMANDE.
Quel Privilège ont-ils en Loge ?
REPONSE.
D'être reçus avant tous les Princes,
Seigneurs, & autres.
DEMANDE.
Que doit observer un Maçon ?
REPONSE.
Quatre choses ; le silence, le secret, la prudence, &
la charité envers les Frères.
DEMANDE.
Que doit-il fuir ?
(38)
REPONSE.
La médisance, la calomnie, &
l'intempérance.
DEMANDE.
Quel âge avez-vous ?
REPONSE.
Sept ans.
Fin du Catéchisme des Compagnons.
(39)
CATÉCHISME
DES MAITRES
DEMANDE.
Etes-vous Maître ?
REPONSE.
Examinez-moi, puis approuvez-moi ou me
désapprouvez, si vous pouvez.
Au lieu de cette réponse, on dit, si on veut, ces
trois mots :
L'Acacia m'est connu.
DEMANDE.
Où avez-vous été reçu
Maître ?
REPONSE.
Dans une Loge de Maître juste & parfaite.
(40)
DEMANDE.
Combien faut-il être pour compose une telle Loge ?
REPONSE.
Sept ; savoir : un très-respectable Maître,
deux Vénérables Surveillans, & quatre
Maîtres.
DEMANDE.
Comment avez-vous passé à la Maîtrise
?
REPONSE.
De l'Equerre au Compas.
DEMANDE.
Sans doute que vous étiez reçu Apprentif et
Compagnon ?
REPONSE.
JAKIN & BOOZ me sont connus.
DEMANDE.
Et la règle de trois vous est-elle connue ?
(41)
REPONSE.
Je l'entends et la clef de toutes les Loges est à
mon commandement.
DEMANDE.
Qu'avez-vous vu en entrant dans la Loge ?
REPONSE.
Tristesse & lumière.
DEMANDE.
Si l'un de vos Frères étoit perdu, où
le trouveriez-vous ?
REPONSE.
Entre l'Equerre & le Compas.
DEMANDE.
Comment voyagent les Maîtres ?
REPONSE.
De l'Orient à l'Occident.
DEMANDE.
Pourquoi ?
(42)
REPONSE.
Pour aller répandre la lumière.
DEMANDE.
Avez-vous reçu des gages ?
REPONSE.
Oui, très-respectable.
DEMANDE.
Où les avez-vous reçus ?
REPONSE.
Dans la chambre du milieu.
DEMANDE.
Par où y êtes-vous parvenus ?
REPONSE.
Par un escalier en forme de vis qui se monte par trois,
cinq & sept.
DEMANDE.
Pourquoi ?
REPONSE.
C'est que trois Maçons gouver-
(43)
nent une Loge, cinq la forment ; sept la rendent juste
& parfaite.
DEMANDE.
Qui s'est opposé à votre entrée dans
la chambre du milieu ?
REPONSE.
Un premier Surveillant.
DEMANDE.
Qu'a-t-il exigé de vous ?
REPONSE.
Un Signe, une Parole, & un Attouchement.
DEMANDE.
Quand vous fûtes dans la chambre du milieu, que
vîtes-vous ?
REPONSE.
Une grande lumière dans laquelle je crus
appercevoir la lettre G
DEMANDE.
Que signifie la lettre G
(44)
REPONSE.
GOT, ou plus grand que vous très-respectable.
DEMANDE.
Qui peut être plus grand que moi, qui suis
Maçon libre, & Maître d'une Loge aussi bien
composée ?
REPONSE.
Elle signifie le nom de Dieu en Hébreu.
DEMANDE.
Donnez-moi le point parfait de votre entrée ?
REPONSE.
Donnez-moi le premier, je vous donnerai le second.
DEMANDE.
Je garde ?
REPONSE.
Je cache.
DEMANDE.
Que cachez-vous ?
(45)
REPONSE.
Le secret des Maçons & de la Maçonnerie.
DEMANDE.
Où gardez-vous ce secret ?
REPONSE.
Dans le cur.
DEMANDE.
Y a-t-il une clef pour y entrer ?
REPONSE.
Oui, très-Respectable.
DEMANDE.
Où gardez-vous cette clef ?
REPONSE.
Dans une Boëte de corail, en forme d'Arche, qui ne
s'ouvre, & ne se ferme qu'avec d'autres clefs d'yvoire.
DEMANDE.
De quel métal est cette clef ?
(46)
REPONSE.
D'aucun ; c'est une langue accoutumée aux bons
rapports, qui ne sait dire que du bien, en l'absence comme en la
présence de ceux dont elle parle.
DEMANDE.
Que venez-vous faire ici ?
REPONSE.
Chercher ce qui étoit perdu.
DEMANDE.
Qu'est-ce qui étoit perdu ?
REPONSE.
La Parole du Maître.
DEMANDE.
Comment fut-elle perdue ?
REPONSE.
Par trois grands coups, & par la mort d'Adoniram.
DEMANDE.
Comment notre très-respectable Maître
ADONIRAM fut-il assassiné ?
(47)
REPONSE.
Par trois Compagnons qui complotèrent de lui
arracher le mot de Maître ou la vie.
DEMANDE.
Comment reconnu-t-on l'endroit où ces
scélérats l'enterrèrent après l'avoir
assassiné ?
REPONSE.
Par une branche d'Acacia, qu'ils mirent eux-mêmes
sur son Tombeau.
DEMANDE.
Comment la Parole du Maître fut-elle
recouvrée ?
REPONSE.
Les neuf Maîtres employés à la
recherche d'Adoniram, convinrent ensemble, dans la crainte que le mot
de Maître n'eut transpiré, que
(48)
la première parole qu'ils profèreroient, en
l'exhumant, seroit à l'avenir le mot de Maître.
DEMANDE.
Donnez-moi le signe de Maître ?
(on donne le signe de Maître.)
DEMANDE.
Donnez-moi l'attouchement ?
(On donne l'attouchement.)
DEMANDE.
Donnez-moi la Parole à l'oreille ?
REPONSE.
Je l'épellerai avec vous. Dites-moi la
première lettre, je vous dirais le seconde.
(49
DEM. M
REP. A
DEM. K
REP. B
DEM. E
REP. N
DEM. A
REP. K
DEMANDE.
Quel est le mot de passe des Maîtres ?
REPONSE.
GIBLOS
DEMANDE.
Que fit-on du corps de notre très-respectable
Maître Adoniram ?
(50)
REPONSE.
Salomon, pour récompenser son mérite le fit
inhumer dans le Sanctuaire du Temple.
DEMANDE.
Que fit-on mettre sur son Tombeau ?
REPONSE.
Une médaille d'or faite en triangle où
était gravé JEHOVA, l'ancien mot de Maître, qui
est le nom de Dieu en Hébreu.
DEMANDE.
Avez-vous travaillé ?
REPONSE.
Oui, Vénérable.
DEMANDE.
Où avez-vous travaillé ?
(51)
REPONSE.
Dans la Chambre du milieu.
DEMANDE.
Avec quoi avez-vous travaillé ?
REPONSE.
Avec de la Craye, du Charbon & une Terrine.
DEMANDE.
Que signifie la Craye ?
REPONSE.
Zèle.
DEMANDE.
Que signifie le Charbon ?
REPONSE.
Ferveur.
DEMANDE.
Que signifie la Terrine ?
(52)
REPONSE.
Confiance.
DEMANDE.
Quel âge avez-vous ?
REPONSE.
Sept ans & plus.
Fin du Catéchisme des Maîtres.
_______________
(53)
DISCOURS
DE MAITRE,
POUR LA RECEPTION
Après l'obligation, le Récipiendaire
étant debout devant le Vénérable Maître,
&c. le Maître lui dit :
_________
Mon cher Frère, pour commencer à vous instruire des
mystères de la Maîtrise, il est bon de vous dire que
notre respectable Maître Adoniram, grand Architecte du
(54)
Temple de Salomon, possédant les secrets de la
Maîtrise, aima mieux souffrir la mort que de
révéler les dits secrets. Je pense que vous êtes
dans les mêmes sentimens ; c'est pourquoi je me vois
forcé de vous traiter de la même manière dont il
fut traité par trois scélérats de Compagnons,
qui attentèrent à sa vie pour avoir la paye de
Maître. Du premier coup il fut étourdi, du second il
trébucha, & du troisième il fut renversé.
Mon cher Frère, c'est à vous que j'adresse la parole
: Vous représentez ici notre très-respectable
Maître, repo-
(55)
sant dans le Saint des Saints ; c'est ce que je vais vous
expliquer par un récit abrégé de la vie & de
la mort de ce grand Homme.
D A V I D, Roi d'Israël, ayant formé le projet
d'élever un Temple à l'Eternel, amassa pour cet effet
de riches trésors. Mais ce grand uvre était
réservé à son fils S A L O M O N, à qui
Dieu donna le don de sagesse par son esprit, de force par sa
puissance, & de beauté par ses richesses. SALOMON ayant
pris l'année, le mois & le jour, pour commencer ce grand
Edifice, en fit part à H I R A M, Roi de Tyr, son voisin, son
ami & son allié, qui lui envoya les Cèdres du Liban
tous taillés & prêts à poser ; SALOMON en fit
de même dans les carrières, pour les pierres dont
(56)
il avait besoin pour la construction de son Temple : mais HIRAM
lui fit un bien plus précieux don en la personne d'Adoniram,
issu de son sang, fils d'une veuve de la tribu de Nephtali ; son
père se nommait HUR, excellent ouvrier dans l'Architecture
& dans la fonte des métaux. SALOMON connaissant ses
vertus, son mérite & ses talents, le distingua par le
poste le plus éminent, lui donnant la conduite du Temple,
& la direction des Ouvriers. Mais comme les Ouvriers
étoient en grand nombre, il les sépara en trois
classes, les Apprentifs, les Compagnons & les Maîtres,
& leur donna à chacun d'eux un signe, une parole & un
attouchement, pour pouvoir se faire connoître, & recevoir
leur salaire. Trois scélérats de Compagnons, remplis
d'avarice & d'envie, voulant toucher la paye de Maître,
projetterent de l'avoir de force, ou
(57)
la vie de notre très-respectable Maître Adoniram.
Pour cet effet, l'un se place à la porte de l'occident du
Temple, le second à la porte du midi, & le
troisième à la porte du nord. Adoniram, selon sa
coutume, vers la fin du jour, s'en vint pour faire la visite des
travaux, afin d'en rendre compte à SALOMON, & entra dans
le Temple par la porte de l'occident, où il trouva le premier
de ces malheureux, qui lui demanda avec violence la paye de
Maître ou la vie. Adoniram surpris, lui répondit
néanmoins avec douceur : Mon Frère, ce n'est point de
cette façon que je l'ai acquise ; travaillez, méritez,
& vous l'aurez. Non content de cette réponse, ce
téméraire le frappa d'un coup de règle, qui le
fit fuir vers la porte du midi, où il trouva le second de ces
scélérats, qui lui fit la même demande : Adoniram
lui fit la même
(58)
réponse. Ce malheureux le frappa d'un coup de rouleau qui
l'étourdit ; &, fuyant vers la porte du nord, il trouva le
troisième, qui l'arrêta, en lui demandant la parole de
Maître, ou la vie. Mais Adoniram persista avec fermeté
& courage à garder son secret : c'est de ce
troisième malheureux qu'il reçu un furieux coup de
maillet, qui le fit tomber mort vers la porte de l'orient. Ils se
rassemblèrent entre eux, se demandèrent la parole de
Maître ; voyant qu'ils ne l'avoient pas & honteux de leur
crime, ils calevèrent le corps de notre respectable
Maître, le portèrent hors du Temple, le cachèrent
sous des décombres, dans l'intention, furtivement de nuit, de
l'enlever & de le porter hors de Jérusalem ; ce qu'ils
firent. Trois, cinq & sept jours se passèrent sans que
SALOMON vit son grand Architecte ; il en fut fort inquiet, &
ordonna à
(59)
neuf des plus jeunes Maîtres d'aller à la
découverte, & de lui en apporter des nouvelles. Trois
partirent par la porte de l'orient, trois par la porte du midi, &
trois par la porte de l'occident ; ils convinrent entr'eux de ne
point s'éloigner les uns des autres plus loin que la voix
humaine ne puisse s'entendre. L'un d'eux, fatigué de sa
course, & voulant se reposer au pied d'une colline,
s'aperçut que la terre étoit fraîchement
remuée ; il s'en approcha, & en fouillant, il trouva le
corps de notre respectable Maître Adoniram. Il appelle ses
camarades qui, à sa voix, s'approchent de lui ; il leur fait
part de la triste découverte : mais par respect, n'osant y
toucher, ils recouvrirent la fosse, & se trouvant proche de
là un arbre nommé Acacia, ils en arrachèrent une
branche, la plantèrent sur l'endroit, pour pouvoir le
reconnoître, & s'en retournèrent à Jé-
(60)
rusalem, rendre compte à SALOMON de la perte de son grand
Architecte. SALOMON, pénétré de la plus vive
douleur, déchira ses vêtemens, & jura qu'il en
seroit fait vengeance : il ordonna à neuf des plus anciens
Maîtres, d'aller faire l'exhumation du corps, & de le
rapporter à Jérusalem, avec pompe funèbre. Les
Maîtres convinrent entr'eux, dans la crainte que par le force
des tourmens & violence, le mot de Maître n'eut
transpiré, que le premier signe, parole et attouchement qui
seroit fait & proféré à la levée du
corps, serviroit à l'avenir pour les Maîtres. De plus,
ils se revêtirent de tabliers & gants de peau blanche, pour
preuve de leur innocence, & qu'ils n'avoient point trempé
leurs mains dans le sang innocent. Le plus ancien d'entr'eux
s'avança, (en cet endroit, le Vénérable
Maître, en continuant son Discours, opère &
relève le Récipiendaire en lui donnant l'ac-
(61)
colade) & en découvrant le gazon, dont ceci nous sert
de symbole, il le prit par JAKIN, mais le doigt lui resta dans la
main ; il le prit par BOOZ, de même, la chair étant
putréfiée, les os quittèrent la peau ; mais pour
plus de fermeté, il le prit par les cinq points de la
Maçonnerie, que nous nommons la Grippe, & le releva de
cette façon ; pied contre pied, genou contre genou, estomac
contre estomac, la main derrière le dos, il proféra ces
mots, M. B. qui signifie, le corps est corrompu ;ils le
rapportèrent à Jérusalem, où SALOMON,
pour récompenser ses vertus, son mérite & ses
talens, le fit inhumer dans le sanctuaire du Temple, & fit mettre
sur son tombeau une médaille d'or en forme de triangle,
où étoit gravé JEHOVA, l'ancien mot de
Maître, qui signifie le nom de Dieu en Hébreu. Son
cercueil étoit de marbre noir, de sept pieds de long, cinq de
large & trois de profondeur.
(62)
DISCOURS
DE L'ORATEUR
A la Réception d'un Apprentif.
Monsieur, la fermeté & le courage avec lequel vous avez
surmonté tous les obstacles qui se sont
présentés à vous symboliquement, dans le voyage
mystérieux que l'on vous a fait faire, m'est un gage
assuré du désir que vous avez d'être reçu
dans notre Ordre ; c'est pourquoi ,vous devez vous dépouiller
de tous faux préjugé du profane vulgaire. Vous
êtes un homme qui allez renaître : vous étiez tout
à l'heure privé de la vue par un bandeau, & si
néanmoins vous êtes
(63)
encore aveugle ; ce n'est que par gradation que vous commencerez
à jouir du plaisir de la lumière ; ce n'est que lorsque
vous serez instruit de nos mots, signes & attouchements que vous
jouirez du plaisir & de l'avantage de posséder l'Art
Royal. Vous devenez, en ce moment, citoyen du monde entier ; partout
où vous trouverez des hommes, vous trouverez des Maçons
prêts à vous secourir dans vos besoins, si vos
murs sont simples, honnêtes & sincères. Notre
Ordre, aussi ancien que respectable, puisque les Rois, Princes &
Seigneurs se font un honneur de l'acquérir & de l'honorer
de leur présence, ne vous engage à rien qui puisse
blesser votre délicatesse ni votre conscience ; c'est la
réformation des murs ; c'est de faire un homme fidel
à Dieu, à son Prince, à l'Etat, ami de la veuve
& de l'orphelin. Aimer & soulager les frères dans le
besoin, de
(64)
tout son pouvoir ; fuir le vice, & pratiquer la vertu : voila
le Maçon, voila le secret ! Je pense que vous êtes dans
ces sentimens-là ; c'est pourquoi je vous engage de
répéter avec attention l'obligation que va vous faire
prononcer le très-vénérable Maître de
cette illustre Loge.
FIN.
Les numéros entre ( ) correspondent à la pagination
originale.
Retour Rituels