D'après les données, le manuscrit date d'environ 1390; publié en 1840 par James O. Halliwell, il fut mentionné en 1670 dans un inventaire de la bibliothèque John Theyer. Celle-ci fut vendue à Robert Scott (d'o˜ nouvel inventaire en 1678). Le manuscrit appartint ensuite à la bibliothèque royale jusqu'en 1757 (d'o˜ son nom Regius), date à laquelle le Roi George II en fit don au British Museum.
Le Regius se compose de plusieurs parties, comme suit:
- la fondation de la maçonnerie
par Euclide (1) en Egypte
- l'introduction de la maçonnerie en
Angleterre sous le roi Athelstane (2)
- les Devoirs, quinze articles
- les Devoirs, quinze points
- le récit des quatre
couronnés
- le récit de la Tour de Babel
- les sept arts libéraux
- une exhortation sur la messe et comment se
conduire à l'église
- une instruction sur les bonnes
manières
Résumé des quinze
articles
Article 1 Le maître maçon doit être digne de la
confiance des seigneurs (3) ; il doit payer les
compagnons à leur juste valeur avec l'argent des
seigneurs.
Article 2 Tout maître maçon doit assister à un
rassemblement général à moins de pouvoir
présenter
une bonne excuse.
Article 3 Le maître maçon ne prendra pas d'apprenti pour
moins de sept ans et devra le loger pendant son apprentissage.
Article 4 Le maître maçon ne doit pas prendre de serf
comme apprenti.
Article 5 Le maître maçon ne prendra ni un bâtard
ni un garçon présentant une infirmité ou une
tare.
Article 6 L'apprenti sera payé moins que les compagnons, mais
son salaire augmentera au fur et à mesure de ses
progrès.
Article 7 Le maître maçon n'abritera sur son chantier ni
voleur ni meurtrier.
Article 8 Le maître maçon peut renvoyer un ouvrier
incapable et le remplacer par un autre.
Article 9 Le maître maçon doit s'assurer de la bonne
assise des fondations de l'ouvrage.
Article 10 Le maître maçon ne doit jamais prendre
l'ouvrage d'un autre maître maçon sous peine d'une
amende de dix livres.
Article 11 Un maçon ne travaillera pas de nuit, sauf pour
étudier.
Article 12 On ne doit pas dénigrer l'ouvrage de ses
compagnons.
Article 13 Le maître maçon doit donner un enseignement
complet à son apprenti.
Article 14 Le maître maçon ne prendra pas d'apprenti
à moins d'avoir suffisamment de tâches à lui
confier.
Article 15 Le maître maçon ne doit pas laisser ses
compagnons dans leurs fautes, car il doit avoir souci de leurs
âmes.
Résumé des quinze points
1er point L'homme de métier doit aimer Dieu et la Sainte
Eglise, ainsi que ses compagnons.
2e point Les maçons seront payés les jours de
congé.
3e point L'apprenti doit garder secret tout ce que son maître
lui dit et tout ce qu'il entend ou voit en loge.
4e point L'apprenti ne doit causer aucun préjudice à
son métier, ni à son maître ou à ses
compagnons, et tombe sous les mêmes lois qu'eux.
5e point Les maçons doivent recevoir leur salaire du
maître avec soumission. Le maître doit renvoyer un
maçon avant midi s'il n'a plus de travail pour lui.
6e point Les querelles entre maçons doivent être
réglées à l'amiable, après la
journée de travail ou lors d'un jour de congé.
7e point Un maçon ne couchera pas avec la femme du
maître ni celle d'un compagnon.
8e point Un maître peut nommer certains compagnons à des
postes de responsabilité, intermédiaires entre
lui-même et le reste des compagnons.
9e point Les compagnons doivent servir à table à tour
de rôle, ils achètent les provisions et doivent rendre
compte de leurs dépenses.
10e point Un maçon ne doit apporter aucun appui à ceux
qui s'obstinent dans leurs fautes; ils seront convoqués devant
une assemblée et exclus du métier.
11e point Un maçon doit corriger aimablement ceux dont le
travail est défectueux.
12e point En assemblée, les maîtres, compagnons,
commanditaires et dignitaires locaux s'accorderont pour faire
respecter les lois du métier.
13e point Le maçon ne doit pas voler, ni être complice
d'un voleur.
14e point Le maçon doit jurer fidélité à
son maître, à ses compagnons et à son roi.
15e point Celui qui transgresse un de ces articles sera
convoqué devant une assemblée. S'il persiste dans sa
faute, il sera interdit de métier, mis en prison, et verra ses
biens confisqués.
Les Quatre couronnés, martyrs (8 novembre)
Les quatre couronnés s'appelaient Sévère,
Sévérien, Carpophore et Victorin. Par l'ordre de
Dioclétien, ils furent battus de verges plombées
jusqu'à ce que mort s'en suivît. On fut pendant
très longtemps sans trouver les noms de ces quatre martyrs; et
l'Eglise, faute de connaître leurs noms, décida de
célébrer leur fête le même jour que celle
de cinq autres martyrs, Claude, Castor, Symphorien, Nicostrate et
Simplice, qui subirent le martyre deux ans plus tard. Ces cinq
martyrs étaient sculpteurs; et comme ils se refusaient
à sculpter une idole pour Dioclétien, ils furent
enfermés vivants dans des tonneaux plombés, et
précipités dans la mer, en l'an 287 du Seigneur. C'est
donc le jour de la fête de ces cinq martyrs que le pape
Melchiade ordonna que fussent commémorés, sous le nom
des Quatre Couronnés, les quatre autres martyrs dont on
ignorait les noms. Et bien que, par la suite, une
révélation divine eût permis de connaître
les noms de ces saints, l'usage se conserva de les désigner
sous le nom collectif des Quatre Couronnés. (de Voragine,
Jacques, trad. Teodor de Wyzewa, La légende dorée,
Paris, 1913, pp. 616-617).
Selon la légende, dit Joseph Léti (Charbonnerie et
Maçonnerie dans le réveil national italien, trad. Louis
Lachat, 1928, p. 9), cinq maçons, qui pourraient aussi
être des sculpteurs, furent mis à mort sous le
règne de Dioclétion à cause de leur foi
chrétienne; ils avaient refusé d'exécuter la
statue d'une divinité païenne. En même temps
qu'eux, furent passés par les armes quatre soldats qui ne
voulaient pas encenser l'auteur de cette divinité. Les neuf
cadavres ayant été ensevelis ensemble, la tradition,
qui n'a rien retenu des cinq premiers, ne conserva que les quatre
autres qui probablement portaient la couronne de centurions, ce qui
constituait la plus haute classe des gradés de la milice.
(Boucher, Jules, La symbolique maçonnique, Paris 1985, pp.
82-83).
Notes:
Euclide: Géomètre grec. Il enseignait à
Alexandrie sous le règne de Ptolémée 1er
(323-283 avant notre ère). On lui doit les Eléments qui
constituent la base de la géométrie plane.
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Athelstane: Roi saxon, 925-939
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Seigneur: Le seigneur est le commanditaire de l'ouvrage. Au
XIVe siècle il s'agit le plus souvent d'un chantier
ecclésiastique; le seigneur est dans ce cas un clerc.
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